Cette année, le Rapport mondial sur le déplacement interne a pour thème le déplacement urbain, et présente de nouvelles preuves sur les défis humanitaires et de développement entrainés par le déplacement vers, entre, et au sein des villes.
Partie 1 – Le panorama mondial du déplacement présente les chiffres globaux pour l’année 2018. Les données, des analyses contextuelles, ainsi que des perspectives urbaines sont présentées à travers des aperçus régionaux et par pays.
Partie 2 - Données sur le déplacement interne : des défis aux opportunités explique en quoi un suivi systématique et indépendant du déplacement interne est crucial. Ce chapitre identifie les principales lacunes et propose des solutions pour le futur.
Partie 3 – Le déplacement interne urbain : risques, impacts et solutions met en évidence les principales caractéristiques, risques, impacts et défis en relation avec le déplacement interne urbain dans le monde et présente les opportunités et les nouvelles approches pour y faire face.
En 2018, 28 millions de nouveaux déplacements en lien avec les conflits et les catastrophes ont été enregistrés dans 148 pays et territoires.
« Le nombre de personnes vivant en situation de déplacement interne est maintenant plus élevé que jamais. Des conflits non résolus, de nouvelles vagues de violence et des évènements climatiques extrêmes sont responsables de la plupart des nouveaux déplacements enregistrés en 2018 »
Alexandra Bilak, Directrice d’IDMC
Une augmentation globale de la violence communautaire et des conflits non résolus sont responsables de la majorité des 10,8 millions des nouveaux déplacements associés avec les conflits et la violence en 2018.
La majorité des 17,2 millions nouveaux déplacements liés aux catastrophes enregistrés en 2018 peut être attribuée aux aléas d’ordre météorologique, en particulier aux tempêtes.
L’Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient ont été disproportionnellement affectés par les déplacements associés aux conflits et à la violence en 2018, même si de nouvelles vagues ont aussi été enregistrées en Asie du Sud. Les déplacements associés avec les catastrophes ont surtout affecté l’Asie de l’Est et le Pacifique et l’Asie du Sud qui sont deux régions particulièrement exposées et vulnérables aux catastrophes.
7.4M pour les conflits
2.6M pour les catastrophes
Des millions de personnes ont été forcées de quitter leur domicile à cause d’anciens et de nouveaux conflits et vagues de violence, mais aussi à cause de la sécheresse, des inondations et des tempêtes. Le déplacement interne en Afrique subsaharienne était plus important que dans d’autres régions.
Des affrontements intercommunautaires pour l’accès aux ressources ainsi que des tensions ethniques ont entrainé 2,9 millions de nouveaux déplacements en Éthiopie, soit le chiffre le plus élevé au monde pour les déplacements liés aux conflits et à la violence, et quatre fois plus que l’année dernière.
L’impact de Boko Haram et d’autres groupes armés non étatiques au Cameroun a été éclipsé par les 437 000 nouveaux déplacements provoqués par le conflit anglophone dans les régions du nord-ouest et sud-ouest du pays.
De nouvelles vagues de violence dans les régions centrales du Nigéria se sont ajoutées à la crise actuelle dans le nord-est, provoquant au total 541 000 nouveaux déplacements. Les inondations ont aussi touché 80% du pays, entrainant 600 000 déplacements supplémentaires.
2.1M pour les conflits
214,000 pour les catastrophes
Les conflits et la violence ont continué de provoquer des déplacements internes dans la région, avec plus de 2,1 millions de nouveaux déplacements enregistrés en 2018. Près de 11 millions de personnes vivaient en situation de déplacement interne à la fin de l'année, soit plus d'un quart du total mondial.
Malgré une baisse de l’intensité du conflit en 2018, la guerre civile a continué de provoquer des mouvements de population parmi les plus importants au monde.
La situation en Libye s’est détériorée significativement en 2018, avec 700 000 nouveaux déplacements associés aux conflits et à la violence, ce qui représente plus du double du nombre de déplacements enregistrés pendant les années précédentes.
236,000 pour les conflits
9.3M pour les catastrophes
Plus d’un tiers du nombre global des nouveaux déplacements a été enregistré dans cette région, la plupart desquels ont été déclenchés par des catastrophes. Qu’ils s’agissent de pays particulièrement exposés comme les Philippines, la Chine, l’Indonésie et le Japon, ou de petites iles et territoires comme Guam, les Îles Mariannes du Nord et Vanuatu, les conséquences varient considérablement à travers cette vaste région.
Le pays a été touché par un nombre inhabituellement élevé de catastrophes, entrainant 146 000 nouveaux déplacements. Malgré une bonne préparation générale, certaines faiblesses dans la gestion locale des catastrophes et dans les systèmes d’alerte rapide ont été relevées.
La reconstruction de la ville de Marawi a débuté, un an après que l’armée l’ait reprise des mains de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL). Cependant, de nombreuses personnes restent déplacées et le coût de la reconstruction de la ville est estimée à 1,2 milliard de dollar.
544,000 pour les conflits
3.3M pour les catastrophes
En Asie du Sud, des déplacements à grande échelle ont une fois de plus été déclenchés par des séries d’inondations, de tempêtes et de sécheresses, ainsi que par des conflits non résolus. Près de 14% des déplacements internes globaux ont été enregistrés dans cette région.
Aperçu régional : Asie du Sud →L’Afghanistan a été touché par des années de conflit armé. En 2018, la sécheresse s’est ajoutée aux crises existantes en générant 435 000 nouveaux déplacements.
L’Inde a enregistré 2,8 millions de nouveaux déplacements en 2018, figure parmi les plus importantes au monde. La majeure partie de ces nouveaux déplacements était liée aux inondations dues à la mousson, même si environ 170 000 déplacements ont été déclenchés par de la violence.
404,000 pour les conflits
4.5M pour les catastrophes
En 2018, plusieurs pays de la région ont de nouveau été touchés par des catastrophes d’ordre météorologique. En outre, des conflits non résolus, la violence criminelle et des crises économiques et sociales ont continué à pousser les gens à fuir leur domicile.
Des incendies sans précédents et dévastateurs ont provoqué 354 000 nouveaux déplacements de population en Californie pendant le second semestre de l’année, représentant environ 30% du total des nouveaux déplacements aux États-Unis en 2018.
Deux crises de déplacement ont convergé en Colombie en 2018. Des combats entre groupes armés ont entrainé une augmentation des déplacements internes dans le pays par rapport à 2017. En outre, plus de 3 millions de Vénézuéliens et environ 500 000 Colombiens auraient fui le Venezuela depuis le début de la crise.
12,000 pour les conflits
41,000 pour les catastrophes
Au total, 53 000 nouveaux déplacements ont été enregistrés dans cette région en 2018. En outre, près de 2,9 millions de personnes vivaient en situation de déplacement interne à la fin de l’année en raison de conflits anciens et non résolus ou de conflits territoriaux.
41,3 millions de personnes étaient estimées comme vivant en situation de déplacement interne à cause des conflits et de la violence au 31 décembre 2018, un nombre jamais atteint auparavant. Trois quarts, ou 30,9 millions de personnes, vivaient dans seulement 10 pays, dont la Syrie, la Colombie et la République Démocratique du Congo. Un nombre toujours inconnu de personnes restent déplacées à cause des catastrophes survenues au cours de 2018.
Alors que le nombre de personnes déplacées dans le monde continue d’augmenter, il est d’autant plus crucial que tous les acteurs qui s’emploient à lutter contre le déplacement interne disposent de données précises et complètes.
Des progrès importants ont été réalisés notamment grâce à l’utilisation de technologies novatrices, mais les partenariats aux niveaux nationaux et internationaux doivent être renforcés, et la capacité des organismes gouvernementaux à enregistrer les données sur les déplacements améliorée. Il est impératif de combler les lacunes en matière de données, d’analyse, et de capacités pour progresser. Une approche systématique est possible. Définir des normes communes ainsi qu’une meilleure coopération et coordination constituent des objectifs accessibles qui contribueront grandement à fournir des éléments de preuve qui pourront servir de base à l’élaboration de politiques, à la planification du développement et à l’organisation d’interventions humanitaires.
Des outils permettant l’évaluation des besoins, l’analyse des risques, la programmation des investissements et le suivi des progrès accomplis existent déjà et permettent aux Etats d’envisager des approches durables visant à mettre fin au déplacement. La priorité est maintenant d’apporter aux autorités nationales et locales le soutien financier et technique nécessaire à leur mise en œuvre.
En détail – Triangulation des données →
L'objectif principal de trianguler les données sur le déplacement interne est d'accroître leur crédibilité et leur validité. L'IDMC utilise la triangulation pour valider des ensembles de données provenant de diverses sources qui décrivent le même phénomène.
En détail – Le déplacement urbain : premières étapes vers un portrait global →
Pour la première fois, l'IDMC a été en mesure d’adresser certains défis rencontrés pour estimer l’étendue du déplacement urbain en ventilant les nombres par localisation urbaine et rurale.
Partie 2 - Données sur le déplacement interne : des défis aux opportunités →
Dans de nombreux pays, les conflits et l'insécurité, les chocs climatiques et les changements dans l'économie rurale entraînent des déplacements vers les villes. Qu'ils résultent de conflits urbains, de catastrophes ou de projets d'infrastructure et de rénovation urbaine, les déplacements se produisent aussi de plus en plus à l'intérieur des villes.
La manière dont les déplacés internes se déplacent et s'adaptent aux espaces urbains varie d'une ville à l'autre, mais de nombreuses personnes confrontées au déplacement urbain subissent des impacts et des défis similaires. En moyenne, 17,8 millions de personnes dans le monde risquent d'être déplacées chaque année par des inondations, un nombre beaucoup plus important que ce qui avait été précédemment estimé. Quatre-vingts pour cent d'entre elles vivent dans des zones urbaines et périurbaines.
Le manque de compréhension de l'ampleur, de la durée et de la gravité des déplacements urbains entrave la conception et la mise en œuvre de mesures appropriées de prévention, de réduction des risques et d'intervention.
Le déplacement urbain est multidimensionnel. Pour résoudre ce problème, il faut adopter des approches intégrées dans tous les secteurs qui englobent les efforts de développement, d'aide humanitaire et de consolidation de la paix. Par conséquent, le leadership et l'engagement continu des autorités locales avant, pendant et après les crises sont primordiaux, tout comme la participation active des personnes déplacées et de leurs communautés d’accueil dans les processus de décisions affectant leur vie.
En détail - Medellín et San Salvador : Déplacement urbain et violence criminelle →
Les villes de Medellín en Colombie et de San Salvador au Salvador connaissent des schémas de déplacements similaires. La majorité des personnes cherchant à fuir leur domicile à cause de la violence criminelle se déplace entre les quartiers les plus défavorisés d’une même ville.
En détail - Risque de déplacement par inondations : une perspective urbaine →
Le modèle de l’IDMC sur les risques futurs de déplacements provoqués par des inondations indique qu'environ 80 % des personnes exposées vivent dans des zones urbaines et périurbaines.
En détail - Nairobi : Développement et déplacement →
Plus de 30 000 personnes ont été expulsées d'un campement informel de Nairobi en juillet 2018 pour faire place à une route. Le projet et ses conséquences étaient justifiés comme étant dans l'intérêt public. En réalité, des personnes ont été expulsées sans préavis adéquat et des maisons et des écoles ont été rasées.
En détail - Profilage des déplacements en zones urbaines →
Les exercices de profilage renforcent les données sur les déplacements urbains internes en rassemblant les parties prenantes qui collaborent à la collecte et à l'analyse des données.
En détail - Syrie : Reconstruction et droits au logement, à la terre et à la propriété →
Récemment, de nouvelles lois sur le logement, la terre et la propriété ont été adoptées, soulevant des questions sur l’inclusion des personnes déplacées et d'autres groupes dans le processus de reconstruction.
Partie 3 - Le déplacement interne urbain : risques, impacts et solutions →
Le nombre global de personnes déplacées internes par les conflits et la violence est le plus élevé jamais enregistré. Année après année, de nombreux pays et régions sont aussi constamment affectés par les catastrophes naturelles. Au lieu de créer des conditions de solutions durables au déplacement, les risques de déplacements nouveaux, secondaires ou prolongés augmentent dans de nombreux contextes autour du globe.
A mesure que les villes grandissent, et que le déplacement urbain change, les municipalités sont de plus en plus en première ligne pour répondre aux crises et réduire les risques sur le temps long. La prise en charge de cette question par les institutions, tant au niveau international que national, devra donc s’accompagner d’un soutien concret et marqué envers l’action locale.
Télécharger le rapport complet | 18Mb→
Documents de support (en anglais)
Données par pays (en anglais)
Télécharger l’analyse des données de conflit pour Abyei Area →
Nazoo, 36 ans, et ses cinq enfants ont été forcés de quitter leur foyer dans le nord-ouest de l'Afghanistan lorsque la sécheresse a mis leur survie en danger. Ils se sont enfuis dans un camp à la périphérie de Qala-e-Naw. Le mari de Nazoo est parti travailler en Iran et elle s'occupe seule de ses enfants.
« Quand l'herbe n'a plus poussé et que les sources d'eau se sont asséchées, nous avons compris que nous allions avoir une année difficile devant nous. Mon mari a vendu notre bétail. Il nous a laissé un peu d'argent, et avec le reste, il est parti en Iran. Au bout d'un moment, comme nous ne trouvions rien à manger, nous avons décidé de quitter la maison et de venir à Qala-e-Naw avec d'autres villageois. »
« Je ne pouvais apporter que des couvertures, des assiettes et des théières et j’ai laissé le reste de nos affaires dans notre maison. Je suis seule ici et je n'ai pas de toit. J'aimerais rentrer chez moi dès que possible. Nous vivons dans ce désert sans abri depuis deux ans et nous n'avons reçu qu'un sac de farine. Je prépare sept ou huit naan par jour et c'est la seule chose que nous mangeons, avec du thé ou de l'eau. Il n'y a pas de magasin ici pour acheter des légumes ou du riz, et même s'il y en avait un, nous ne pourrions rien acheter parce que nous n’avons plus d'argent. »
Photo : CNR/Enayatullah Azad - septembre 2018.
Abdulrahman et sa fille cadette Hafasa sont assis devant leur petit magasin, dans le camp pour personnes déplacées de Farestan, dans le nord-ouest de l'Afghanistan. Il y vend de la nourriture, des boîtes d'allumettes, des bougies et du shampoing. Au milieu de 2018, Abdulrahman a fui le district d'Ab Kamari de la province de Badghis d’où il est originaire à cause des effets combinés du conflit et de la sécheresse. Il était commerçant et fermier chez lui. Il a installé un magasin dans le camp, mais il n'a plus de fonds pour acheter du stock et les clients n'ont pas d'argent pour le payer.
« Je n'ai pas d'argent pour acheter des choses. Je prends le stock d'un commerçant de Qala-e-Naw sans le payer. Quand j'arrive à vendre quelque chose, je fais une autre tournée et je paie les articles précédents. C'est un homme de mon village et il m'a offert cette opportunité pour que mes enfants ne meurent pas de faim ou de froid. »
Photo : CNR/Enayatullah Azad - novembre 2018.
Alors que la sécheresse sévissait dans le nord-ouest de l'Afghanistan, une région déjà déchirée par la guerre, Gul Jan, 90 ans et sa famille ont dû fuir leur village du district d'Ab Kamari pour se rendre à Qala-e-Naw en quête d'eau potable et de nourriture. Elle, son fils Ahmad et ses quatre petits-enfants vivent depuis quatre mois dans une maison de fortune dans le camp de Farestan pour personnes déplacées. A cause de la sécheresse, les trois enfants d'Ahmad, Omid, 11 ans, Tamanna, 9 ans, et Mohammad, 6 ans, ont été contraint d’abandonner l'école.
« Le conflit a commencé quand j'étais dans l'armée, il y a une trentaine d'années, et il se poursuit encore aujourd'hui », a dit Ahmad. « J'étais dans la province de Paktika quand les combats ont commencé, j'ai quitté l'armée et je suis rentré chez moi. Depuis, je n'ai pas vu un jour sans effusion de sang. Ma vie est complètement gâchée et maintenant je m'inquiète pour mes enfants. Regardez ma mère. Mérite-t-elle de vivre dans ces conditions ? »
Pour Gul Jan, « cette année est la pire sécheresse que je n’ai jamais connue. Il y a une vingtaine d'années, nous avons aussi connu une sécheresse, mais moins d'animaux sont morts et les gens n'ont pas eu à quitter leurs maisons dans des proportions aussi grandes que maintenant. »
Photo : CNRC/Enayatullah Azad - 2018.
Zenaida et Marco Antonio vivent avec leurs six enfants dans une zone rurale de la région du Norte de Santander, au nord de la Colombie. Lorsque Marco Antonio avait 14 ans, son père a disparu pendant le conflit armé et sa famille a fui la région du Catatumbo pour le Venezuela voisin. Sa femme Zenaida raconte une histoire similaire. Elle aussi a fui la Colombie pour le Venezuela quand son père a été tué.
Zenaida a 12 enfants, six avec son premier mari, aujourd'hui décédé, et six avec Marco Antonio, qu'elle a rencontré au Venezuela. La famille vit dans une maison de fortune faite de bâtons, de plastique et de bois. Leurs conditions de vie sont très mauvaises, et comme ils n'ont pas leurs papiers d'identité colombiens, ils ne peuvent ni travailler et ni avoir accès à la santé.
Photo : CNR/Fernanda Pineda - 2018.
Nyiragine, 85 ans et veuve, vit depuis neuf ans dans le camp de déplacés de Mungote. Elle a fui la violence à Kitobo, un petit village de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Nyiragine est devenue un symbole de la crise prolongée de la RDC qui a entrainé le déplacement de plusieurs millions de personnes. Elle partage sa petite maison avec ses deux petits-fils, et doit mendier de la nourriture parce qu'elle n'a rien. Les conditions de vie dans le camp se sont fortement détériorées depuis la dernière distribution de l'aide humanitaire en décembre 2017. « Il n'y a pas d'aide ici, pas de nourriture, pas de soins de santé. Nous souffrons » dit-elle.
Photo : CNR/Ephrem Chiruza - février 2018.
Elamegi, 26 ans et mère de quatre enfants, pose avec son plus jeune enfant dans les bras, entourée d'autres femmes du village de Mbulungu dans la province du Kasaï-Centre en République Démocratique du Congo. « Quand la guerre est arrivée, mon mari était allé travailler dans la forêt. Tout le monde s'est enfui, laissant tout derrière lui. Pendant la fuite, un de mes enfants a été tué par la milice. J'étais enceinte de deux mois et j'ai accouché seule dans la forêt. J'ai souffert avec mes enfants parce que je ne trouvais rien à manger. Je n'avais personne, j'étais seule. »
Après avoir passé des mois à se cacher pour échapper à la violence des groupes armés dans la région, Elamegi a pu retourner dans son village. « Quand on est finalement sortis de la forêt, nous n’avons plus rien. Ma maison avait été incendiée. Je n'ai rien reçu en retour », dit-elle.
Bien que le calme soit revenu à Mbulungu et dans d'autres villages, les gens ne sont pas en mesure de continuer leur vie normalement. Les habitations, les marchés, les écoles, et les infrastructures sanitaires ont été détruits pendant les combats.
Photo : CNR/Aléxis Huguet - août 2018.
Nasteho, 30 ans, est assise avec six de ses sept enfants. De retour chez elle à Harar, dans l'est de l'Éthiopie, elle tenait un restaurant avec son mari. Pour échapper aux violences ethniques Ils ont fui avec leurs enfants vers le camp de déplacés de Koloji, près de la ville de Jijiga. « Nous avons tout laissé derrière nous. Nous vivions dans une grande maison », dit-elle. La famille de Nasteho reçoit de la nourriture, mais elle a besoin de plus d'aide pour survivre. La plupart des habitants du camp de Koloji sont descendants de Somaliens qui ont fui la violence dans la région d'Oromia.
Photo : CNR/Dejene - novembre 2018.
Ayele et Shubo vivent en situation de déplacement avec leurs huit enfants en Ethiopie. Shubo, 45 ans, a contracté la polio dans son enfance et a besoin de béquilles pour marcher. "Un conflit a éclaté entre les Oromo et les Gedo. Notre maison a été incendiée par le peuple Gedo et nos sept moutons et nos huit vaches ont été volés", dit Ayele.
« Nous avons couru pour sauver nos vies et celles de nos enfants », a dit Shubo. « A cause de mon handicap, Ayele a dû me porter sur son dos. Nous avons dû tout laisser derrière nous. Maintenant, nous vivons dans la misère, loin de notre maison et de nos affaires. Nous n'avons pas de vêtements. Nos enfants sont exposés au froid, ils n'ont pas de vêtements pour se tenir au chaud. Nous n'avons rien à manger et mon fils est malade. »
Ils n'ont cependant pas l'intention de retourner sur leur ancienne terre. « Notre maison a été détruite et nos biens confisqués. Il y a encore des tensions dans la région. Nos relations avec la communauté voisine ont été endommagées », a dit M. Ayele.
Photo : CNR/Nashon Tado – 2018
Ahlam, 27 ans, avec un de ses enfants. La jeune veuve vit à Algarad, un camp de déplacés internes dans le gouvernorat de Lahj, au Yémen, avec ses quatre enfants. Elle a fui Taiz il y a 18 mois. « Les affrontements étaient très violents près de notre maison et nos proches ne pouvaient pas sortir pour nous apporter de la nourriture ou de l'eau. Un jour, mon mari est sorti pour faire son travail habituel sur un chantier de construction et a été abattu.
Finalement, nous avons dû partir, mais j'avais peur des balles et les tireurs d'élite dans les montagnes si nous nous approchons de ces zones. Je ne m'attendais pas à ce que ma vie prenne ce tournant ni de me retrouver seule pour prendre soin de mes enfants. » Au camp, sa routine quotidienne consiste à cuisiner pour ses enfants, mais certains jours ils n'ont pas assez, alors elle se retient de manger pour que ses enfants puissent manger. La plupart des gens de son village ont fui, y compris sa famille, mais ils ne sont pas dans le camp avec elle. « Aidez-nous et protégez notre droit fondamental à vivre dans la dignité », a dit M. Ahlam. « Ce dont nous avons le plus besoin dans le camp, c'est de nourriture et d'eau. »
Photo : CNR/Ingrid Prestetun - 2019.
Suleiman, 45 ans, est un pêcheur de Hodeidah vivant actuellement à Ras Emran près d'Aden, au Yémen. Après que certains de ses amis aient été tués dans des attaques aériennes, il ne se sentait plus en sécurité dans son village où il vivait avec sa femme, ses sept enfants et ses deux petits-enfants. Lorsque les affrontements se sont rapprochés de sa maison, il a entendu des gens dire qu'ils devraient entreposer de la nourriture parce qu'ils ne pourraient pas sortir. Il a entreposé quelques articles de première nécessité, mais après quelques jours, il avait besoin de plus. Il s'est aventuré plusieurs fois à l'extérieur de sa maison, avant de décider que c'était trop dangereux.
Il s'est finalement enfui avec sa famille à Ras Emran où il a pu continuer de travailler comme pêcheur. Ils ne sont partis qu'avec les vêtements qu'ils portaient. Aujourd'hui, Suleiman travaille avec d'autres pêcheurs pour faire vivre cette famille, mais trouver du travail n'est pas facile et il se sent étranger à Ras Emran. Il espère que la guerre prendra rapidement fin pour qu'il puisse retourner chez lui, et que ses enfants puissent vivre en sécurité et retourner à l'école pour terminer leurs études, comme les autres enfants dans le monde.
Photo : CNR/Ingrid Prestetun - 2019.
Des centaines de milliers de Yazidis vivent dans les différents camps de déplacés du nord du Kurdistan irakien. Dans le camp de Bajid Kandela, des tentes blanches se dressent dans de longues ruelles bien entretenues, flanquées de voitures abandonnées. Base Khalaf, 60 ans, a été déplacée avec sa famille dans ce camp à Dohuk pendant quatre ans. « L'État islamique a tué un de mes fils il y a quatre ans. Depuis lors, je n'ai pas pu me rendre sur sa tombe. Il est très difficile de retourner à Sinjar. La situation n'est pas sûre et le voyage est très long », dit-elle.
« Notre vie dans le camp est difficile. Il y a peu d'eau et d'électricité. Les tentes sont sales et faites de nylon. Elles brûlent facilement, surtout en été, et pour une personne âgée et handicapée comme moi, ce n'est pas facile de courir. Des gens sont morts à cause de cela récemment. Avec l'hiver qui approche, la pluie, le froid et le vent aussi. Ces tentes nous protégeront à peine. J'aimerais pouvoir rentrer chez moi, mais ce n'est pas possible. »
Photo : CNR/Tom Peyre-Costa – 2018
Roda a été forcée de quitter sa maison avec ses enfants à la recherche de nourriture et d'eau lorsque la sécheresse au Somaliland (Somalie) a tué ses chèvres. « Notre gagne-pain dépend du bétail. Nous en tirons du lait et nous le vendons pour acheter d'autres produits de première nécessité. La longue sécheresse a provoqué un manque d'eau et de pâturages », a déclaré Roda, dont l'histoire est partagée par de nombreuses familles de la région.
Photo : CNR – 2018
Adrián leads the monitoring and analysis of events and trends of internal displacement in the context of conflicts and violence. He is specialised in conflict transformation and analysis, as well as international relations. He joined IDMC in 2017, prior to which he worked as a Service Improvement and Change Management consultant for various national and international bodies. He also worked in several African countries, such as Rwanda and the Democratic Republic of Congo, with the UNECA and the Life & Peace Institute, developing and implementing Monitoring and Evaluation models in conflict and post-conflict settings.
Adrián holds a Master’s degree in Diplomacy and International Relations from the Spain School of Diplomacy, a Master’s degree in International Development from the Institut Catholique de Paris and an MBA from IE Business School (Madrid). He is fluent in Spanish, French and English.
Alexandra Bilak was appointed director of IDMC in 2016. She has extensive experience in research and policy development on displacement in the context of conflict and violence, disasters, climate change and development investments. As Director, Alexandra is responsible for the strategy, positioning and resource mobilisation of the organisation, and for growing its reach and influence. Her role includes; establishing high-level strategic partnerships with governments affected by internal displacement, UN agencies, regional organisations and other relevant stakeholders. She leads the IDMC team to provide high-quality data, analysis and expertise on internal displacement with a view to finding policy and programmatic approaches that offer real solutions to internally displaced people. Under her direction, IDMC also addresses the gap between prevention and risk reduction, humanitarian response, state-building and sustainable development.
Prior to her appointment as Director, Alexandra served as IDMC’s Head of Policy and Research from 2014-2016. During this time, she developed a new research agenda in line with the global 2030 policy agenda, and produced new analyses into the drivers, patterns and impacts of internal displacement in different country contexts. Since 2014, she has directed the publication of IDMC’s annual flagship reports; the Global Overview, Global Estimates and Global Report on Internal Displacement (GRID).
Before joining IDMC, Alexandra served as Country Director and Programme Manager for several international NGOs and research institutes in sub-Saharan Africa; including Oxfam, the Life & Peace Institute, the International Rescue Committee and the Danish Refugee Council. She has accumulated fifteen years' experience living and working in conflict and post-conflict contexts, and has published extensively on the themes of forced displacement, conflict and civil society development. Alexandra lived and worked in Rwanda in 2001, the Democratic Republic of Congo from 2004 -2008, in Kenya from 2009 - 2014, and has worked extensively across Central, East and West Africa.
Alexandra holds a Master's degree in International Politics from the School of Oriental and African Studies in London and a DEA in African Studies and Political Science from the University of Paris I Panthéon-Sorbonne. She is fluent in English and French.
Bina has extensive programme and research experience on socio-economic development in low income countries. Having previously worked in Bangladesh, Ghana, Honduras, India, Kenya, Malawi, Mozambique and the Philippines, her research interests include the structural causes of crises, economic and development impacts of disaster and conflict, internal displacement and forced migration.
She has worked for the German Ministry for Development, the Aga Khan Development Network, Christian Aid and the United Nations Office for Disaster Risk Reduction (UNISDR). Since 2010, she served as UNISDR’s Policy and Research Coordinator and has co-authored and led the production of the Global Assessment Reports (GARs) since 2011.
In spring 2017, Bina joined IDMC as the Head of Policy & Research and leads IDMC's team of senior advisors and researchers in displacement-related policy analysis and evidence building, working closely with the Data & Analysis and Communications teams. Bina holds a Masters in Economics and Sociology from the University of Bielefeld and a PhD in Social Anthropology from the School of Oriental and African Studies in London.
Jan Egeland is Secretary General of the Norwegian Refugee Council (NRC). In September 2015, Egeland was appointed by the UN Secretary-General as Special Adviser to the UN Special Envoy for Syria with a focus on humanitarian access and protection of civilians. He ended this role in December 2018.
From 2003-2006, Egeland served as UN Under-Secretary-General for Humanitarian Affairs and Emergency Relief Coordinator. Before taking up his post in NRC in 2013, Egeland came from the position as Europe Director of Human Rights Watch (2011−2013), and prior to that as Executive Director of the Norwegian Institute of International Affairs (2007−2011).
He has also served as the UN Secretary General’s Special Adviser to Colombia (1999−2001) and State Secretary in the Norwegian Ministry of Foreign Affairs (1990−1997). In 2006, Time Magazine named Egeland as one of the ‘100 people who shape our world’.
Justin Ginnetti is IDMC’s Head of Data and Analysis. He joined IDMC in 2012 after having served as a policy officer at the UN’s office of disaster risk reduction (UNISDR) where he worked on the Global Assessment Report. He served as a chapter scientist and contributing author of the IPCC’s Special Report on Extreme Events and Disasters (SREX), and the WMO’s guidance on assessing droughts. At IDMC, Justin and his team are responsible for all of the figures in the Global Report on Internal Displacement. He also leads IDMC’s efforts to estimate future displacement risk, assess displacement associated with slow-onset hazards, detect incidents of internal displacement and fill gaps in data through the use of mathematical models, analysis of “big data” and new technologies.
Justin holds a master’s degree in law and diplomacy from the Fletcher School at Tufts University, where he studied climate change-induced displacement and forced migration of agro-pastoralists in the Horn of Africa. Previously, he earned bachelor’s and master’s degrees in English literature from the University of Pennsylvania.
He is fluent in English and French.
Ivana is a monitoring expert at IDMC, she focuses on monitoring and research on displacement in Syria and Iraq, and northern, eastern, western and central Africa. She joined IDMC in 2016, bringing experience in humanitarian needs and conflict analysis. She has background in humanitarian and human rights law and she previously worked on humanitarian needs analysis and assessment, and human rights advocacy with national as well as international NGOs.
Ivana holds Master’s degree in Human Rights and Humanitarian Action from Sciences Po Paris and spent one semester studying international law and history of violence at the Graduate Institute of International and Development Studies in Geneva.
Ivana is fluent in English, French, Spanish and Czech. She can also communicate in Arabic.
Sylvain had worked as Information Specialist for the United Nations Office for Disaster Risk Reduction for almost 13 years, where he was involved in the development of global metrics for measuring the implementation of international frameworks, assessment reports, graphics production, data visualisation and data exchange. He also supported the development of software and capabilities for national accounting for disaster damage. Prior to this, he was a trainee in both the United Nations Environment Programme GRID-Geneva and the University of Geneva. He also worked in the private sector, writing environmental studies on stones extraction.
Sylvain is a geographer, holding a Master’s 2 degree “Interface Nature-Society” from the University Lyon 2. He speaks fluent English and French.
Vicente works in the Policy & Research department as Coordinator of the Global Report on Internal Displacement (GRID), working closely with all departments for the development of IDMC’s flagship report on internal displacement.
He worked for the Risk Knowledge Section and the Regional Office for Africa at UNISDR, where he worked on a global policy review exercise that formed the basis for national policy indicators for the Sendai Framework, as well as coordinating research and country programmes, developing disaster loss and damage data and analysis, and government capacity building on risk knowledge at national and regional levels. He worked in a number of countries across Africa, Central and Southern Asia, and the Pacific.
Vicente holds a BA in History and Geography from the University of Los Andes (Bogotá, Colombia) and a MA in Human Geography and Migration Studies from the University of Neuchâtel (Switzerland). He speaks Spanish, French and English.
IDMC Backgrounder: English
Alexandra Bilak: Video (15 Mb)
Bangladesh: Video (35 Mb)
DR Congo: Video + shotlist (501 Mb)
Mosul, Iraq : Video (673 Mb)
Syria: Video + shotlist (315 Mb)
Yemen: Video (1.6 Gb)