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19 June 2024

Canada - Des incendies de forêt records s'étendent aux zones urbaines

En 2023, l'été le plus chaud que le Canada ait connu en 76 ans a alimenté la saison des feux de forêt la plus destructrice jamais enregistrée dans le pays, avec près de sept fois plus de terres brûlées que la moyenne annuelle. L'ampleur des incendies a été telle qu'ils ont produit près d'un quart des émissions mondiales de carbone dues aux feux de forêt de l'année. Ils ont également provoqué 185 000 déplacements internes, le chiffre le plus élevé depuis que des données sont disponibles pour le pays en 2008 et 43 pour cent du chiffre mondial dû aux feux de forêt. L'ampleur et l'impact des incendies ont mis en évidence la nécessité de renforcer les mesures de réduction des risques, les protocoles d'évacuation et la résilience globale du pays face aux catastrophes.

Les incendies de forêt affectent régulièrement les vastes forêts boréales et les prairies du Canada, exposant chaque année les petites communautés vivant à l'interface entre la ville et la forêt à un risque accru de déplacement, de dommages immobiliers et de la perte de leurs moyens de subsistance. Les communautés autochtones, dont 80 pour cent vivent dans des zones très exposées aux incendies de forêt, souffrent particulièrement des déplacements répétés, bien qu'aucune donnée systématique ne soit disponible. Il existe cependant des exemples, comme la Première nation de Lytton en Colombie-Britannique, qui a dû être évacuée pour la troisième année consécutive en 2023.

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Au-delà d'une plus grande exposition aux risques, cette tendance de déplacement répété s'explique en partie par une approche de la gestion des incendies basée sur la densité de population et la valeur des biens. Ainsi, les investissements réduits, notamment dans les infrastructures, ont limité la capacité des communautés isolées à mettre en œuvre des mesures de réduction des risques de catastrophes et à se remettre rapidement des conséquences de leur déplacement.

Les communautés vivant dans les grandes agglomérations urbaines ne sont généralement pas affectées par les déplacements, mais cette tendance s'est modifiée au cours de la saison des feux de 2023, où près de la moitié des déplacements enregistrés ont eu lieu dans des zones urbaines. L'événement le plus important de l'année, qui a représenté près d'un quart du total des déplacements à l'échelle nationale en 2023, s'est produit à la mi-août lorsqu'un incendie s'est déclaré près des villes de Kelowna et West Kelowna en Colombie-Britannique. Alors qu'il s'approchait de la rive ouest du lac Okanagan séparant les deux villes, les autorités ont émis des ordres d'évacuation à 45 000 personnes, soit plus que tous les déplacements enregistrés à l'échelle nationale au cours de la saison des feux de forêt de 2021.

Vingt-trois mille autres déplacements ont été liés à l'évacuation de Yellowknife, ville abritant la moitié de la population des Territoires du Nord-Ouest. C'était la première année que des déplacements dus à des incendies étaient enregistrés dans ce territoire peu peuplé, et une évacuation d'une telle ampleur n'était pas prévue. Malgré l'intervention des forces armées et la mise en place de vols supplémentaires, de nombreux problèmes sont apparus. La seule autoroute quittant la ville était embouteillée et certaines personnes ont dû parcourir 1 500 kilomètres pour trouver un hébergement d'urgence dans la province voisine de l'Alberta.

À l’est du pays, la province maritime de Nouvelle-Écosse, qui jouit habituellement d'un climat plus tempéré, a connu fin juin le plus grand feu de forêt jamais enregistré. L'incendie a entraîné l'évacuation de près de 17 000 personnes dans les banlieues de la capitale, Halifax, et la rareté de l'événement a pris bien des gens au dépourvu. Certains habitants ont eu du mal à trouver des itinéraires d'évacuation ou des informations fiables sur la manière de réagir à l’aléa.

Conscient que les incendies risquent de devenir plus intenses et plus destructeurs avec l'augmentation des températures mondiales, le gouvernement canadien a pris des mesures pour renforcer la préparation aux catastrophes et la réduction des risques. Son premier Profil de risque national, publié en 2023, présente des mesures concrètes visant à réduire davantage le risque d'incendies. Le gouvernement a également investi dans le programme FireSmart qui sensibilise le public aux comportements à risque, conseille l'utilisation de matériaux de construction non inflammables et renforce les protocoles d'évacuation. Les programmes FireSmart destinés à certaines communautés autochtones incluent les connaissances traditionnelles et leurs normes et valeurs culturelles dans leurs dispositions. Les connaissances autochtones, notamment en ce qui a trait aux feux contrôlés et la plantation d'espèces d'arbres résistantes au feu, sont également prises en compte dans d'autres stratégies et plans de gestion des incendies.

Le besoin de décentraliser les réponses aux aléas a également été souligné dans les stratégies de gestion des risques de catastrophe et d'adaptation au changement climat, qui considèrent le rôle des autorités provinciales comme essentiel. En Colombie-Britannique, qui a connu au cours des sept dernières années quatre des plus graves saisons de feux de forêt depuis 1919, le service saisonnier de lutte contre les incendies a été remplacé par un service fonctionnant toute l'année en 2022. L'ensemble de ces initiatives devrait à l'avenir contribuer à réduire le risque de déplacement dû aux feux de forêt.